Manger moins fait-il perdre du poids ?

Il est communément admis dans le bon sens populaire qu’il faut moins manger pour perdre du poids. Mais cette croyance est-elle vraiment fondée?

Cette idée est une application d’un des principes de la thermodynamique (si, replonger dans vos vagues souvenirs de la préparation du bac de physique chimie). Ce principe peut se formuler sous la célèbre formule: « Rien ne se crée, rien de se perd, tout se transforme ».

Votre corps, naturellement, dépense de l’énergie (pour faire battre votre coeur, pour maintenir votre température corporelle, pour reconstruire l’ensemble de ces tissus, et pour l’ensemble des activités de la journée). Cette énergie se compte en calories. A la grosse louche, on dira 2000 calories en moyenne pour une femme et 2500 pour un homme.

Comme rien ne se perd, rien ne se gagne, tout se transforme, cette énergie ne naît pas de nul part, mais des aliments que nous consommons. Chaque aliment a une valeur énergétique, exprimée en calories. L’équation devient alors extrèmement simple, et là, ce n’est plus sur les bancs du lycée qu’il faut faire un retour, mais sur les bancs de l’école primaire: soit vous consommez plus d’énergie que vous en dépensez, soit vous en consommez moins. Selon le principe de la thermodynamique, comme rien ne se perd, si vous mangez trop de calories et qu’elles ne sortent pas de votre corps sous forme d’énergie, alors votre corps en fait des stock, sous forme de graisse. Si vous dépensez plus d’énergie que vous n’en consommez, comme rien ne se gagne, vous allez brûler vos graisses.

L’équation est alors très simple: On mange moins et l’on perd du poids. Et encore plus simple à vérifier: voyez une personne qui fait une grève de la faim ou qui participe à Koh Lanta pour constater vous même que ça marche.

Sauf que… est-ce que cela marche à long terme?

Une expérience dans les années 90,  du National Institute of Health, a suivi 20000 femmes pendant 8 ans, rapportée par Gary Taubes, avec un régime de type pauvre en graisse, tel que recommandé encore aujourd’hui par les autorités officielles. En moyenne, chacune de ces femmes avait un déficit journalier de 300 cal.  Soit un déficit de plus de 10%. Le résultat au bout de  huit ans? Ces femmes avaient perdues en moyenne un kilogramme. Un résultat un peu léger pour huit ans d’efforts et de diète Le pire, c’est qu’elles ont en moyenne pris plusieurs centimètres de taille. C’est à dire que, malgré la perte de poids, elles ont augmenté leur taux de graisse corporelle. Le contraire du résultat attendu (avec un tel déficit journalier, elles auraient du perdre ce poids là en seulement 3 semaines et perdre plusieurs dizaines de kilos au bout de 8 ans).

On peut donc en conclure deux choses: soit les femmes ayant participé à l’expérience ont menti, soit un régime pauvre en calorie ne marche pas. Si l’on peut effectivement penser que le première hypothèse est possible (on ment toujours à son coach et à son médecin), les études récentes  de la Tuft University semblent confirmer la seconde hypothèse. Prescrire un régime bas en calories à des patients obèses entraine une perte de poids modeste (environ 5 kg) généralement reprise au bout d’un an. D’autres études de Harward ont confirmé ce point. La réduction des calories consommées ne marche pas plus de quelques mois.

Pour descendre sous les X kilos pour l’été peut-être. Mais sûrement pas comme style de vie.

Pour une raison simple: le corps s’adapte à son environnement. Si vous lui donnez moins d’énergie, il va, au fur et à mesure, s’adapter et dépenser moins d’énergie. Cela lui prendra un certain temps, et c’est pour cela que les régimes bas en calories fonctionnent au début.  Puis votre corps, pour éviter le déficit en calories va réagir et opter pour une politique de conservation de l’énergie. Il va ralentir le métabolisme. Vous vous sentirez plus fatigué avec moins de force (la construction musculaire sera minimiser pour économiser l’énergie), déprimé (la dépression est une conséquence typique du manque d’apport calorique), avec de nombreuses carences (il est extrêmement difficile de remplir nos besoins – vitamines, minéraux, acide gras essentiels et acides aminés –  si on limite le nombre de calories ingérées). Ah oui, et bien sûr, vous aurez faim

Un style de vie où l’on est affamé, frustré psychologiquement de ne pas manger ce que l’on veut, fatigué voir dépressif. Le régime Paléo a cette particularité de ne pas fixer de limites caloriques (croyez-vous que nos ancêtres paléolithique comptaient les calories? et que les peuplades indigènes comptent les calories? Pourtant, l’obésité et les maladies cardiaques sont absentes des populations traditionnelles.). Comment peut-on maximiser son énergie si on limite ses apports en énergie? Le régime Paléo est un régime riche en calories mais pas n’importe lesquelles. On privilégie  les aliments les plus riches en nutriments (viandes et poissons pour les acides aminés et acide gras, légumes et fruits pour les vitamines) plutôt que les plus pauvres (céréales et sucres raffinés), pour privilégier la prise de masse musculaire (grâce à la forte part en acide aminée),  maximiser votre niveau d’énergie. La perte de masse grasse est juste un effet collatéral de ce régime, pas son but. Mais un sympathique effet collatéral tout de même.

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12 commentaires pour Manger moins fait-il perdre du poids ?

  1. Nicolas Silvagni dit :

    J’ai bien fait de manger un demi kilogramme de viande rouge alors ce midi ?

  2. vest dit :

    « C’est à dire que, malgré la perte de poids, elles ont augmenté leur taux de graisse corporelle. »

    Cette phrase est une absurdité.

    • performens dit :

      Chère Lectrice,

      Habituellement, je ne publie, ni ne répond à ce genre de commentaires. Poids et pourcentage de masse adipeuse dans le corps sont deux variables différentes. Une prise de masse adipeuse peut être compensée par une perte de masse musculaire. Et inversement. Une expérience amusante montrant l’effet inverse (prise de poids, diminution de la masse grasse) était l’expérience de Tim Ferriss, rapporté dans son Four Hour Body sous le terme « from Geek to Freak ». L’expérience visait à maximiser la prise de masse musculaire. Bien que son poids ait augmenté de 31 pounds, son pourcentage de masse adipeuse est passé de 16,72 à 12,23%. Soit une perte de 3 pounds de masse adipeuse (l’ensemble des mesures de l’expérience ont été réalisées par le Dr Peggy Plato, de l’université de San José). Expérience extrème, certe, mais qui met en évidence de façon évidente l’indépendance de ces deux variables.

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  10. Antoine dit :

    Je suis un défenseur du régime paléo, mais je trouve qu’il y a un problème dans la formulation de votre texte. Ca manque un peu de précision et de distance critique à mon avis. Vous titrez l’article par « Manger moins » et parlez ensuite d’un régime « pauvre en graisse » (pas forcément la même chose), et ensuite de régimes hypocaloriques sans préciser leur nature (pauvres en graisse?).

    D’autre part, pourquoi ne mentionnez vous pas tous les cas d’adeptes du régime paléo qui autrefois obèses ont certes perdu du poids, mais ne parviennent néammoins pas à être véritablement minces, et finissent par reconnaitre eux-mêmes que la nature paléo pourrait ne pas suffire dans leur cas, et qu’une réduction calorique s’impose? Du reste, je ne me suis pas penché longtemps sur son cas avec précision, mais je suis toujours étonné de voir Loren Cordain afficher un superbe double menton…

    Enfin, pourquoi ne pas évoquer le cas des adeptes du jeûne intermittent (certains dans le style paléo), qui de facto restreignent leur apport calorique quotidien avec succès pendant des années sans nécessairement devenir des zombies?

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